Le Nickel en Nouvelle Calédonie

Publié le par Gypa l'barbu

Suite à mon précédent post, j'ai effectué une petite recherche sur l'exploitation de nickel en nouvelle calédonie  et les liens pouvant unir les industries à la classification des récifs coraliens au patrimoine mondial de l'Unesco.

Présentation : le nickel en Nouvelle Calédonie

Le nickel n'existe qu'en faible proportion sur l'écorce terrestre. Ce métal, dont le symbole chimique est Ni, possède naturellement une couleur blanche brillante. Deux grands types de minerais sont aujourdhui principalement exploités : les garnérites (à forte teneur), de couleur beige ou verte, exploités à ciel ouvert; et les latérites, plus rouges, renferment également du cobalt. Les gisements sont principalement présents dans le monde aux Philippines, à Cuba, au Brésil et en Grèce.

Excellent conducteur de chaleur et d'électricité, résitant aux agents chimiques, peu oxydable, il est souvent associé à d'autres composants dans des alliages. L'industrie automobile, le bâtiment, l'architecture, la décoration et le monde de l'électroménager sont également quelques uns des autres domaines où on le retrouve le plus fréquemment.

En Nouvelle Calédonie, c'est essentiellement sur le Caillou, Grande Terre, que sont concentrés les gisements de nickel du terrioire qui possède une des premières réserves mondiales de minerai. Dans le province du sud, se sont les terrains miniers s'étendant de Thio à l'extrême sud (gisements de Dumbéa, Ouinné, Tiébaghi, Koniambo, Népui Kopeto). En 1997, avec près de 30% des ressources mondiales, la Nouvelle Calédonie se situait au second rang des producteurs mondiaux.

En 1995, la production du Territoire flirtait avec les 120 000 tonnes. 70 000 tonnes étaient exportées notamment vers le Japon, l'Australie et les Etats Unis pour plus de 91 millions d'euros. Le reste, une fois transformée sur place en produits métallurgiques finis ou semi finis, exportés, avoisinait un montant de 381 millions d'euros. En 1997, la production se situait à 140 000 tonnes.

Plusieurs sociétés minières se partagent le marché calédonien, parmi elles la compagnie Le Nickel-SLN et la Société minière du Sud Pacifique font figure de leaders. Nickel-SLN possède la seule usine de traitement de l'île, situé à Daniombo, dans la rade Nouméa. Sa prodution annuelle tourne autour de 50 000 tonnes de nickel. En juillet 2000, l'Etat français est entré dans le capital de la SLN. La socière Minière du Sud Pacifique est l'autre géant. Elle assure à elle seule 20% de la production de Nouvelle-Calédonie. En 1990, le groupe Lafleur a cédé la SMPS à une société d'économie mixte contrôlé par la Province nord, la SOFINOR.

A la fin des années 1970, deux grands mouvements structurent la vie politique locale : le Rassemblement pour le République Calédonienne de Jacques Lafleur et un front indépendantiste, futur front de libération kanak socialiste, de Jean-Marie Tjibaou. La radicalisation entre Kanaks et Caldoches, en avril 1988, aboutissent à l'épisode dramatique de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa. Les accords de Matignon, après le 26 juin 1988, entre l'Etat, le FLNKS et le RPCR, mettent fin à la guerre civile sur le territoire.

Pendant longtemps, l'absence de réglementation sur le protection de l'Environnement a livré le territoire à l'appétit des industries minières. L'exploitation intensive du sous-sol calédonien a considérablement affecté le paysage et bouleversé les écosystèmes locaux, notamment les coraux. A l'époque, les Calédoniens, impuissants devant ce désastre, n'avaient aucun contrôle sur leur patrimoine naturel. Ainsi, de nombreuses voix se sont élevées contre les ambitions de la société Goro-Nickel jugées néfastes à moyen terme pour l'Environnement. Depuis le mois de septembre 2002, la construction du site a connu de nombreuses interruptions à la suite des mouvements et des protestations écologistes. L'industrie du nickel met donc la cap sur le développement durable et annonce, paradoxalement, une montée en puissance de sa production.

Au cours de l'année 2005, le paysage économique du Territoire a connu d'importants boulerversements liés à l'industrie du nickel. Le géant canadien Inco a annoncé, le mardi 11 octobre 2005, le rachat de son compatriote Falconbridge. A terme, cette fusion sépare le marché du nickel calédonien en deux : d'un côté de canadien Inco allié à la SMSP tenue par les Kanaks, de l'autre le Français Eramet, représenté par sa filiale la Société Le Nickel (SLN).

Ce dernier, sixième producteur mondial de nickel avec 60 000 tonnes produites chaque année, risque donc de se retrouver face à la plus grosse entreprise de nickel du monde : Inco-Falconbridge, en passe de devenir le seul maître du nickel dans l'archipel. Les accords de Berçy, en 1988, prévoit que le région du Nord, en retard de développement sur celle du Sud, se dote une usine d'extraction du nickel sur le massif du Koniambo, considéré comme l'un des gisements les plus riche du monde, garantissant plus de 40 années d'exploitation. Selon ces accords, celle-ci doit revenir à Falconbridge, c'est à dire Inco, et à sa partenaire, la SMSP pour permettre aux Kanak de maîtriser leurs ressources naturelles comme ils l'exigent depuis les premières luttes pour l'indépendance du territoire.

Le rapport du sénat en 2005, concluait sur ces lignes :
"Les deux grands projets d'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie, d'une ampleur considérable [...] Votre rapporteur spécial a ainsi été particulièrement impressionné, non seulement par leur taille des projets que par l'implication des équipes techniques et des autorités locales"
"Une première étape est celle de la construction des deux usines, qui pourrait s'étaler jusqu'en 2009 [...] la seconde étape est celle de la mise en route des deux projets. La Nouvelle-Calédonie sera alors dotée de trois unités de taille mondiale, sur un territoire réduit [...]. A ce tître, votre rapporteur spécial est favorable à la proposition avancée par le mission présidée par Mme Anne Duthilleul d'une redevance minière, afin d'assurer aux executifs locaux un juste retour des richesses du territoire. L'instauration, qui est la seule responsabilité du gouvernement de Nouvelle-Calédonie (...]"
"D'autre part, et ce point constitue la suite logique de l'insertion des projets dans la société calédonienne, le respect de l'environnement consitue vraisemeblablement le "coeur" du dossier. Il faut rappeler que l'exploitation minière en Nouvelle-Calédonie a été particulièrement dommageable pour l'environnement, notamment dans les années 50 et 60, avec la généralisation de la mécanisation et en l'absence de réglementation adaptée. Les matériaux stériles étaient ainsi déversées à même les pentes et la végétatilsation dien souvent rasée ou incendiées [...]. A ce titre, on ne peut que se féliciter que l'agrément fiscal, qui ouvre droit à la défiscalisation, soit conditionné par le respect de normes environnementales très strictes [...] votre rapporteur ne peut que recommander la parution régulière de données fournies par des instituts indépendants, afin d'assurer la meilleure information possible"
rapport d'information du sénat

Publié dans Ecologie

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C
Mais bon, quoiqu'on en dise le nickel pour l'environnement c'est loin d'être nickel !!! (jeux de mot nul ! Je sais.)A+
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